Elle est belle, vit dans un monde post-apocalyptique cinglé et elle s’appelle Druuna. Après seize ans d’absence, l’héroïne culte dessinée par l’italien Paolo Serpieri revient dans la BD Celle qui vient du vent. Retour sur cette saga atypique.
Il était une fois Druuna
Le premier tome de la série est publié en 1986. Unique en son genre, Druuna mélange érotisme et science-fiction. Prenez Alien, Matrix, La Chose, Interstellar, Inception et la plateforme YouPorn, mélangez tout ça et vous obtenez la série de bande dessinée Druuna.
Vêtue d’un string rouge et d’une paire de baskets, Druuna évolue dans un monde impitoyable, touché par un mal qui transforme les êtres humains en mutants monstrueux, tentaculaires, assoiffés de sexe et de sang.
Laissez la police faire son travail
Pour mettre un peu d’ordre là dedans : des soldats et des prêtres androïdes. Censés rétablir la paix et amener des valeurs spirituelles, ils sont en fait les méchants de la série. On peut y voir une allégorie assez puissante sur le fascisme et le pouvoir exercé par l’Église. À l’inverse, les mutants, aussi dangereux soient-ils, sont finalement ce qu’il y a de plus humain dans cette série. Du moins, des êtres humains réduits à leurs pulsions les plus primaires, qui n’ont aucune notion de bien ou de mal.
Druuna, c’est que de l’amour
L’héroïne Druuna représente la vie. Elle symbolise l’amour. C’est aussi le seul personnage humain de la série en bonne santé. Déterminée, elle va utiliser son corps pour survivre. Elle aime le sexe sans tabou. C’est un être libéré et intelligent qui va toujours chercher à comprendre ce qui l’entoure.
Quoi de neuf, Doc ?
Dans ce nouvel épisode, Druuna se retrouve propulsée dans un monde qui ressemble plus ou moins à la Terre. Démunie, elle assiste à une bataille entre des mousquetaires et un Indien. Lorsque ce dernier meurt, un monstre tentaculaire lui sort du ventre et dégomme les survivants au laser… plutôt inhabituel pour un Indien.
Un plan sans accroc
Si les fans seront heureux de retrouver l’héroïne aux courbes généreuses, ils risquent tout de même de rester un peu sur leur faim. Dans cet épisode, Druuna fait des rencontres à la cool avec des autochtones sans jamais se retrouver en situation de danger. Et les dernières pages consistent en un long monologue explicatif, avec pour conclusion « Cela reste une hypothèse, il n’y a aucune certitude ». Dommage.
Enfin, même si à 75 ans Paolo Serpieri montre que son talent de dessinateur reste intact, la sensualité et la fougue des premiers tomes n’est plus au rendez-vous. On termine cette aventure sur le sentiment que l’auteur a pris ses distances avec son héroïne, à qui pourtant il vouait un culte quasi obsessionnel.
On salue tout de même le travail des éditions Glénat, qui proposent une réédition complète des anciens tomes avec de nombreux bonus. Ne reste plus qu’à boucler cette série unique, peut-être par un prochain et dernier tome. On l’attend avec impatience.