Serge, le jongleur de mots
Gainsbourg, c’est une dualité connue, une espèce d’aigle à deux têtes qui se comporte tantôt comme un lourdaud décadent, tantôt comme un dandy génial.
Durant sa carrière, Serge Gainsbourg a fricoté avec Baudelaire, Poe, Verlaine, Benjamin Constant, Flaubert, Huysmans et surtout Rimbaud.
En pompant comme une éponge les textes des grands poètes pour en faire de la musique, Gainsbourg a imposé le qualificatif d’art majeur à la chanson.
Ce qui explique pourquoi Gainsbourg a tricoté ses mots avec les plus grands auteurs, dont Verlaine.
Verlaine remixé par Gainsbourg
« Je suis venu te dire que je m’en vais », c’est à la fois un des morceaux les plus connus de Gainsbourg et la meilleure preuve que l’artiste savait manier les ciseaux et la colle.
Le texte est un mélange de découpage de mots de Verlaine juxtaposés avec ceux de Gainsbourg comme pour se frayer une voie directe jusqu’à la case poète.
« Tout suffocant et blême quand sonne l’heure , je me souviens des jours anciens et je pleure ». Verlaine
« Tu t’souviens des jours anciens et tu pleures . Tu suffoques, tu blêmis à présent qu’a sonné l’heure des adieux à jamais ». Gainsbourg
La consanguinité de texte ne s’arrête pas là, mais vous avez compris l’astuce. Cette relation Gainsbourg-poésie continue sur biens d’autres morceaux.
De Rimbaud à Edgar Allan Poe
Pour Elisa, on peut très certainement dire merci à Rimbaud. Pour Cargo Culte, merci à José-Maria de Heredia. Quant à Iniatials BB, faisons une ola en l’honneur d’Edgar Allan Poe.
La poésie sillonne toute l’œuvre de Gainsbourg. L’artiste y vouait une admiration brillante, tellement qu’il disait vouloir arriver à trouver Rimbaud. Et peut-être bien qu’ils sont ensemble maintenant, en train certainement de s’enivrer et de s’enfumer.
Crédit photo : © Claude Truong-Ngoc / Wikimedia Commons