Le 29 mai 1997, Jeff Buckley disparaît dans les eaux boueuses de la Wolf River, affluent du Mississippi, après le passage d’un bateau à aubes. Le chanteur vient de plonger tout habillé en chantant Whole Lotta Love de Led Zeppelin à tue-tête. Sa dépouille est retrouvée six jours plus tard. L’autopsie confirme la noyade accidentelle. Jeff Buckley est mort à l’âge de 30 ans, en laissant à la postérité un unique album, Grace, paru en 1994.
Une année faste pour l’industrie du disque : Portishead sort Dummy ; Blur, Parklife ; et Soundgarden son fameux Black Hole Sun. Au milieu de tout ça, le premier album de Jeff Buckley est un ovni.
« Jeff Buckley est mort à l’âge de 30 ans, en laissant à la postérité un unique album, Grace, paru en 1994. »
Grace est un disque lyrique, romantique, aux arrangements baroques. Jeff Buckley y chante comme une femme, passant des aigus aux graves comme un chanteur d’opéra : sa voix couvrait quatre octaves. Un album délicat, aussi, qui mélange compositions originales et reprises bien senties. Comme le standard du jazz Lilac Wine, que Nina Simone avait rendu célèbre.
Et si Grace ne fait pas tout de suite l’unanimité dans les charts, il finira par s’imposer comme un des disques les plus importants des années 90, adoubé par David Bowie qui le considère comme le meilleur album jamais enregistré. Dessus, on retrouve la mythique reprise d’Hallelujah, titre de Leonard Cohen, sorti en 1982 et passé complètement inaperçu à l’époque. En se l’appropriant, Jeff Buckley en a fait un tube.
La chronique
« Grace finira par s’imposer comme un des disques les plus importants des années 90, adoubé par David Bowie qui le considère comme le meilleur album jamais enregistré. »
La carrière de Jeff Buckley avait commencé alors qu’il écumait les bars en rendant hommage à son père, le chanteur Tim Buckley, musicien folk plutôt raté qui n’a jamais connu son fils. Il l’avait pourtant précédé dans la tragédie, en décédant à l’âge de 28 ans d’une overdose, c’était en 1975. Ironie du sort, c’est le succès de Jeff Buckley qui a lancé la carrière de son père : Tim Buckley vendra pas mal de disques dans les années 90, touché, a posteriori, par la grâce d’un album qui, loin des canons pop de l’époque, portait si bien son nom.