Gina Été est une artiste bâloise qui s’émancipe dans une pop hybride. Ça peut partir sur du jazz, de l’électronique, de la folk… il n’y a pas de limite. Mais elle cultive deux éléments en permanence, une légèreté dans la voix et des textes vengeurs. Elle avait notamment écrit Mauern, un titre sur Trump pour les histoires avec son mur entre les USA et le Mexique. Mais plutôt que de sombrer dans un ton moralisateur, elle prend de la hauteur pour observer son monde avec la tête bien sur les épaules. C’est ce qu’on peut sentir quand elle parle de ce morceau :
« Le mot politique a une mauvaise réputation, immédiatement je pense à des hommes d’un certain âge dans des costumes chics et qui changent nos vies pour le pire. Néanmoins je pense que dans la vie de tous les jours, tout ce que l’on fait et tout ce que l’on omet est politique ».
Toujours portée par cette envie d’objectivité et de mettre la main à la pâte, Gina Été est allé à Lesbos donné de son temps et son énergie aux migrants entassés sur place. Elle en revient avec un album qui va une nouvelle fois au fond des choses, critique sans pour autant altérer la féérie de sa musique. Trauma, le premier single, dépeint avec beaucoup de force et de finesse un sentiment que beaucoup d’occidentaux ressentent :
« Ça paraît très militant, mais je me sens surtout paralysée. La musique est ma manière de m’en sortir. Je ne veux surtout pas écrire ces chansons pour me sentir mieux, ou si c’est le cas, ça ne marche pas. »
Trauma sera doublé d’un clip le 9 février qu’on nous promet « choquant ». L’album Erased By Thought suivra en mai.
Crédit photo : Nina-Maria Glahé