Dans les années 1970, la CIA rachète l’entreprise suisse Crypto AG. Spécialisée dans la production de machines de cryptage, la société va vendre des produits truqués à de nombreux pays pendant plusieurs années.
Il était une fois une société de cryptage
Tout commence en 1952, date à laquelle est fondée l’entreprise Crypto AG. Cette petite boîte sans histoire vend des machines cryptographiques qui permettent de chiffrer des communications de bout en bout. Les affaires sont florissantes pour la jeune société. À tel point qu’elle devient vite un acteur incontournable sur ce marché très spécifique, d’abord avec de bonnes vieilles machines mécaniques, puis avec des circuits électroniques et des logiciels. Parmi ses clients, on trouve un certain nombre de gouvernements à travers le monde, ce qui va justement intéresser de près la CIA.
Opération Rubicon
Dans les années 1970, la CIA rachète Crypto AG dans le plus grand secret et continue la production de machines de cryptage, cette fois-ci truquées. L’air de rien, la CIA vend ses produits à différents régimes, diplomates et gouvernements partout dans le monde: Iran, Inde, Pakistan, et même le Vatican. Une fois que ses machines sont en possession du client, il est très simple pour la CIA de décrypter les messages chiffrés. Plutôt malin, d’autant qu’en plus d’avoir trouvé un moyen fiable d’espionner, la CIA se remplit les poches en vendant ses machines hors de prix. Comme dans tout bon film d’espionnage, cette opération porte un nom : Rubicon.
La Suisse était au courant
Aujourd’hui, les premiers éléments de l’enquête menée par le Washington Post et la chaîne publique allemande ZDF révèlent qu’en réalité, les services secrets suisses connaissaient l’existence de cette opération depuis au moins 1993. Les espions suisses interrogés auraient expliqué avoir passé un deal avec la CIA à l’époque : garder la couverture secrète en échange d’un accès aux communications interceptées. Et les espions de préciser n’avoir jamais vendu le moindre appareil trafiqué à la Suisse. Pas fous. À noter tout de même que les écoutes se sont poursuivies jusqu’en 2018, un an avant que le gouvernement fédéral n’apprenne toute l’affaire…
Photo: LohriPR, CC BY-SA 4.0