Elle est est décédée le 16 août à l’âge de 76 ans, Queen of Soul. Queen of Respect, même, car si tout le monde ne s’est pas intéressé à la carrière de la chanteuse, on connaît tous son plus grand tube.
Un morceau d’Otis Redding
À l’origine du titre, Otis Redding, qui le sort en 1965. Respect raconte l’histoire banale d’une scène de ménage. Il est plutôt pas mal et fait un bon score dans les charts américains. Qu’Aretha Franklin s’en empare deux ans plus tard n’est pas une surprise. Les années 60, c’est LA décennie des reprises. Un artiste est rarement lancé sans commencer par ça.
Un tube interplanétaire avec Aretha Franklin
Avec ses sœurs, Aretha crée la ritournelle provocatrice « Sock it to me, sock it to me », qu’on pourrait traduire par « Fais-moi mal », et la fameuse épellation « R-E-S-P-E-C-T ». Ensemble, elles s’attaquent aussi au groove pour le rendre plus… sexy. Bref, elles travaillent surtout sur l’esthétique du morceau, sans penser à en faire quelque chose de politiquement engagé. Mais avec Aretha, Respect devient une telle machine de guerre, chantée avec tant de conviction, que de nombreux activistes s’approprient cette version, notamment les militants afro-américains et les féministes. Il faut savoir qu’à sa sortie en 1967, on nage en pleine guerre du Viêt-Nam, les Afro-américains revendiquent l’égalité, les femmes se rebellent. Bref, ce morceau devient numéro un à une époque de grandes revendications.
Le destin d’un hymne
Respect a rendu Aretha Franklin célèbre : elle a reçu deux Grammys pour ce titre, elle est devenue Queen of Soul, et a été la toute première femme à intégrer le Rock and roll hall of fame en 1987. Elle a aussi sans doute réussi à casser cette image du rhythm’n’blues comme un genre moindre et underground. Un seul perdant dans l’histoire : Otis Redding. Dépité, le chanteur aurait déclaré : « J’ai perdu ma chanson, cette fille me l’a prise ».