Carnage est un recueil de quatre histoires, pour la plupart muettes. Toutes mettent en scène des corps nus et des formes, parfois à la limite du figuratif.
Dans Formes / Contre-formes, la première histoire, un phallus rouge aux formes carrées s’enfonce entre les seins d’un corps de femme sans visage. Un mouvement mécanique, froid et douloureux qui réveillera en elle un traumatisme enfoui depuis l’enfance.
Dans une autre histoire, un rond blanc se transforme en une femme au regard absent. Vêtue d’une culotte et de porte-jarretelles noirs elle s’avance vers un groupe d’hommes en slip-chaussettes. Certains attendent leur tour, d’autres encerclent déjà la jeune femme qui s’affaire à les contenter. D’abord accroupie, puis allongée, l’étreinte se resserre et les couleurs s’assombrissent jusqu’à ce que cet amas de chair forme un rond noir, sans âme.
A travers différentes techniques, telles que l’aquarelle, le fusain, la gouache ou même le stylo-bille, Florence Dupré La Tour dessine l’angoisse et le malaise. Bien plus qu’un exercice cathartique, Carnage offre une plongée aussi terrifiante que fascinante dans la psyché de l’autrice. C’est aussi une profonde réflexion sociale de notre rapport au corps et à la pornographie.
Carnage, aux éditions Mauvaise Foi.