On l’a tous vue sur internet, cette séquence de Stromae chantant un extrait de son dernier morceau sur le plateau de TF1 dimanche dernier. Une mise en scène millimétrée, préparée durant 3 semaines selon la chaîne française, où l’artiste répond en chanson à la dernière question de la présentatrice Anne-Claire Coudray.
Moment de télévision
Nombreux sont ceux qui crient au « moment » de télévision, surprenant, inattendu, au génie. On est d’accord sur un point, cette mise en scène est parfaitement conduite. Elle est même très élégante. Trop, peut-être. Car c’est là que les détracteurs de cette séquence interviennent.
Moment embarrassant
« Infotainment », « promotion », moment « embarrassant » qui vient « brouiller ce qui reste de repères entre information et divertissement », certains journalistes dénoncent cette scénographie léchée, allant jusqu’à affirmer qu’elle contribue à faire le jeu des détracteurs des médias et qu’elle remet en cause la déontologie journalistique.
Une déception
Entre éloges et reproches, la déception. Les commentaires dithyrambiques sur la séquence annonçaient une claque, une séquence télé inédite qui restera dans les annales. Elle se révèle d’une banalité déconcertante. Pas de révélation. Pas une petite étincelle de sortie de route qui crée véritablement ces « moments » de télévision. Rien ne sort du cadre. Rien ne dépasse. On assiste à l’exercice typique d’un artiste interprétant un extrait de sa dernière sortie musicale en conclusion d’interview d’un journal télévisé. Ni plus, ni moins.
Contenu et apparat
Reste cette fameuse mise en scène, celle où, au lieu de répondre à la question, Stromae se met à chanter (en playback ?), évitant ainsi la traditionnelle transition entre interview et interprétation. Si l’on juge cette transition problématique et brouilleuse de pistes, alors c’est le média même de télévision qu’on remet en cause vis-à-vis de la déontologie journalistique. Et c’est le spectateur qu’on prend pour dupe. Car tout n’est qu’artifice à la télé, même au JT. Le simple « bonjour » servi entre présentateur et invité est déjà une mise en scène. Et peut-être pourrait-on maintenant s’intéresser à l’artiste, au contenu de l’interview et à sa musique, et cesser de s’étaler sur les rouages scénographiques de sa présence à la télé.
Photo: Kmeron, CC BY-NC-ND 2.0