Comment la Birkenstock est passée de la ringardise orthopédique à la panacée du luxe

11 mars 2021

Dans les années 1980, on la trouve moche mais très confortable. Prisée des jeunes Suisses en tant que pantoufle, elle reste proscrite dans la rue. 40 ans plus tard, cette célèbre mule allemande atteint le pic du chic : le groupe LVMH, mastodonte de l’industrie du luxe, vient de racheter Birkenstock.

Planquées dans les pharmacies américaines

En 1896, l’Allemand Konrad Birkenstock dessine la première semelle qui contourne et enveloppe le pied. Quasi orthopédique, elle est surtout utilisée dans le secteur de la médecine. Elle arrive aux États-Unis dans les années 1960, une époque où produit allemand rime avec excellence, via Margot Fraser. Mais partout où elle propose la marque, on lui claque la porte aux pieds. La mule « Madrid » – à une seule lanière -, premier modèle commercialisé en 1963, est tellement moche que personne ne veut se risquer à la vendre. Elle restera un pur produit de pharmacie, proposé entre deux boîtes de compléments alimentaires.

Des hippies aux hipsters

C’était sans compter l’avènement des hippies. La « flower » attitude et les envies de nature jouent en faveur de la Birkenstock qui commence à se démocratiser. Le modèle « Arizona » – le plus répandu, avec deux lanières – est commercialisé dès 1973. Il devient populaire chez les jeunes générations des années 1980 et, 10 ans plus tard, c’est la haute couture qui s’en empare. Kate Moss s’affiche en Birkenstock dans une édition de Vogue en 1993. Paco Rabanne en chausse ses mannequins en 1997. Depuis, on y a presque tous cédé, pour son confort et son relax passe-partout. La mule allemande est désormais culte, et son succès, constant.

Miraculeuse sexytude

4 saisons, mule des villes et mule des champs, sandale des ringards et des influenceurs les plus puissants. Les modèles se suivent et se surpassent : des « 100% plastique » aux tongues, en passant par la « Furkenstock », version fourrure créée par la marque Céline en 2013. Le miracle Birkenstock, c’est qu’elle est aujourd’hui carrément sexy. Et son bénéfice de 20%, stable depuis plusieurs années, clament les dépositaires de la marque. Sûrement depuis qu’on a cessé de lutter contre les chaussettes dans les Birkenstock en fait.