Où se trouve le cycle menstruel dans la préparation des sportives ? La question se pose alors que les femmes sont autorisées à participer à des compétitions sportives internationales depuis plus d’un siècle. Si on prend l’exemple des Jeux olympiques : les sportives y sont présentes depuis 1900. Et même s’il aura fallu attendre 2007 pour qu’une charte olympique rende leur présence obligatoire dans tout sport, la question d’un entraînement adapté aux femmes n’est soulevée que depuis très récemment.
Les règles pour expliquer une défaite sportive ?
En 2015, lorsque la joueuse de tennis Heather Watson est éliminée de l’Open d’Australie, elle évoque ses règles pour expliquer sa défaite. Une phrase qui fait aussitôt le tour des médias du monde entier, tant elle semble nouvelle. Sans le savoir, Heather Watson vient de briser un tabou. Un tabou qui commencera à se briser en Suisse en 2020 seulement, avec Michelle Gisin. Et qui inspirera d’autres sportives de la région, comme Emilie Siegenthaler, cycliste spécialiste de VTT de descente, et Julie Lengweiler, volleyeuse.
Ce fameux cycle menstruel n’est que très peu étudié chez les athlètes. Et on ne parle pas que de la période des règles, mais bien des variations des hormones qui fluctuent chez les femmes chaque semaine du mois. Il faut savoir que des études ont bien été menées sur le sujet, mais elles ne permettent pas de tirer de conclusions. Souvent parce que le nombre de femmes prises en compte dans ces recherches n’étaient pas suffisant, ou leurs profils pas assez diversifiés. Selon Cécile Pancza Blanc, médecin au Centre de médecine du sport au RHNe, les recherches ne vont pas forcément reprendre car elles coûtent cher et ne vont pas permettre la vente d’un traitement à la fin.
Le docteur Adrien Schwitzguébel, médecin du sport à la Providence, précise aussi que les adaptations de l’entraînement au cycle menstruel sont limitées en particulier aux sports « de force ». Le coach personnel Jean-Léon Bart ajoute même qu’un entraînement adapté peu apporter beaucoup dans les sports individuels. D’une part car on peut facilement les ajuster pour chaque femme, d’autre part car des compétitions n’ont pas forcément lieu chaque semaine. Mais encore faut-il en parler :
Et puis il ne faut pas oublier que le cycle menstruel, c’est un signe que le corps d’une femme fonctionne bien, athlète ou non. Dans ce but-là, il est important de manger suffisamment, souligne Laura Palmieri, diététicienne au RHNe. Car dans de nombreux sports, surtout ceux où une taille fine est vue comme la norme, il est possible qu’en limitant leur alimentation, les athlètes perdent leurs règles.
Une enquête de Stéphanie Wenker.