Suite et fin des Contes de la GRRIF, chronique collaborative dans laquelle chaque jour de notre programme d’hiver, on vous racontait un petit bout d’histoire créée par et avec votre cerveau tarabiscoté en nous transmettant vos idées et votes sur Instagram via notre compte @grrifradio.
À lire aussi: Les Contes de la GRRIF 1/3 : GRRIF, Les contes de la GRRIF 2/3 : GRRIF
Résumé des épisodes précédents
Un jour, trois enfants découvrent une casserole avec des pieds dans une cabane mystérieuse. Pas très contente de les voir, elle tape du pied et les gosses se retrouvent enfermés dans la cave de la cabane. Là, il font la connaissance d’un vieillard et d’une chaise de déplacement magique à l’assise abîmée. Les enfants proposent de la réparer en échange de leur liberté. Le contrat est accepté fissa et les gosses sont transportés chez Maman Couturière, qui veut bien remettre la chaise en état suite à d’âpres négociations. Mais elle se rend compte que cette chaise magique appartient au vil sorcier Arpion, prétendant éconduit de Maman Couturière (histoire qui remonte à Mathusalem), qui s’est vengé d’elle en transformant son mari en casserole avec des pieds. Les enfants se mettent en quête de le délivrer, mais le sorcier Arpion se révèle un ennemi coriace et endurant au combat, avec un monstre huileux pour allié.
Lundi: Super-Diététicien à la rescousse
Les 3 enfants faisaient face au monstre de graisse qui leur barrait la route de toute sa masse lipidique. Ils auraient pu s’enfuir par un petit chemin de traverse qui les aurait justement menés en toute sécurité à la cabane dans la forêt, là où se cachait la casserole avec des pieds, le père de Fils Couturière, mais les auditeurs de GRRIF en avaient décidé autrement…
Au moment précis où le Geradepardinosaurus-Rex du sorcier Arpion allait porter son attaque graisseuse à l’aide de sa massue géante fabriquée à base de foie gras, de beurre demi-sel et de frites cuites dans la graisse de bœuf, les 3 enfants se souvinrent qu’en combinant les pouvoirs des 3 bagues magiques qu’ils avaient gagnées à la foire du village, ils avaient le moyen d’invoquer le super héros de leur choix. Ils joignirent alors leurs mains et appelèrent Super-Diététicien, le super-héros des plats pauvres en calories, qui était le seul à pouvoir les tirer de ce mauvais pas.
Dans un nuage de fumée faible en matière grasse apparut alors Super-Diététicien, qui faisait maintenant face au monstre graisseux du sorcier Arpion : « Vil félon, tu paieras pour toutes ces calories ingurgitées, » lança-t-il à son ennemi. Avant même que la masse informe eût le temps de répondre, Super-Diététicien sortit sa pyramide alimentaire et lui infligea son terrible sort « Petits légumes vapeur et blancs de dinde pochés à l’eau».
« Victoiiiiiire ! » crièrent en chœur les enfants, tandis que le vil sorcier Arpion prenait ses jambes à son cou, s’enfuyant par la forêt pour rejoindre son château. « Soyez Maudits ! » hurla le fieffé magicien, promettant de revenir pour une ultime confrontation avant la fin de notre récit. Le chemin était désormais libre jusqu’à la cabane. Nos 3 héros remercièrent chaleureusement Super-Diététicien pour son aide précieuse, promettant de manger un peu moins de friandises et de respecter un peu plus la règle des 5 fruits et légumes par jour, et ils se remirent en route. Mais alors que Fils Couturière, Petit Poucet et Greta Thunberg disparaissaient dans les fourrés et se rapprochaient de la cabane où se cachait Papa Couturière transformé en casserole avec des pieds, ils entendirent un terrible cri à glacer le sang, qui brisa le silence de la forêt.
Qui avait crié et pourquoi ? Les voisins de la forêt allaient-ils porter plainte pour tapage nocturne ? Le vil sorcier Arpion allait-il réellement revenir une dernière fois dans l’histoire avant la fin de la semaine, ou était-ce juste un subterfuge du narrateur pour faire rester les auditeurs de GRRIF jusqu’à vendredi ?
Mardi: Une amputation amputée
Un cri monstrueux retentit à l’intérieur de la vieille cabane. Les 3 enfants stoppèrent net leur progression et se regardèrent avec effroi :
– Mon dieu, mais qu’est-ce que ça peut bien être ? s’exclama Petit Poucet
– C’est sûrement quelqu’un qui vient de prendre connaissance du dernier bilan carbone de la Chine, répondit Greta Thunberg.
– Mais non vous n’y êtes pas du tout, c’est sans doute mon père, vu qu’il est le seul à vivre dans cette cabane, rétorqua Fils Couturière qui, n’écoutant que son courage, défonça la vieille porte en planches d’un seul coup d’épaule afin de venir en aide à son géniteur.
Une fois à l’intérieur, après un rapide coup d’œil à gauche et à droite pour tenter d’identifier tout danger, nos 3 héros ne virent rien de particulier. Enfin, rien mis à part la casserole avec des pieds couchée sur le côté à même le plancher craquant de la vieille bâtisse. « Aidez-moi ! » hurla-t-elle. « J’avais froid aux pieds et j’ai tenté de mettre ces baskets mais je ne sais pas ce qui se passe, elles rétrécissent de plus en plus et ça commence à me broyer les orteils. » Les 3 enfants tentèrent tant bien que mal de retirer les pompes des pieds de la casserole, mais ils eurent beau tirer de toute leurs forces, rien ne semblait vouloir bouger.
C’est alors que Fils Couturière pris une pénible décision. « Rien à faire, les baskets ne s’enlèveront pas. Il n’y a qu’une chose à faire Papa, te couper les deux jambes. Et puisque je suis ton fils, c’est à moi de le faire. » Il saisit une vieille tronçonneuse qui traînait par-là, l’alluma et s’approcha gentiment des guibolles de son paternel. Alors que Fils Couturière s’apprêtait à trancher les guitares du père, afin de le libérer de ces baskets de plus en plus petites, une voix vint interrompre la séance de découpe. « Hum hum. Excusez-moi mais je pense qu’il existe un moyen plus simple et moins douloureux. » C’était le dépanneur de sortilèges de la société Merlin et Compagnie qui était arrivé juste à temps. « À première vue ces baskets sont ensorcelées. Je peux les désensorceler facilement, et comme vous bénéficiez d’une offre promotionnelle Deux désensorcellements pour le prix d’un, il ne vous en coûtera pas un sou de plus. »
Ni une, ni deux, le dépanneur de sortilèges de la société Merlin et Compagnie saisit sa baguette magique, et après quelques étranges incantations, les baskets que la casserole avait aux pieds reprirent une taille normale :
– Hourrrrah ! crièrent les enfants.
– Vous allez maintenant pouvoir désensorceler mon père pour qu’il retrouve enfin forme humaine et qu’on puisse vivre heureux tous ensemble durant de longues années, poursuivit Fils Couturière, les yeux pleins d’espoir.
– Mouahaha. Rien n’est moins sûr mon petit, répondit le dépanneur de sortilèges en se frottant les mains comme s’il mijotait quelque chose de diabolique.
Quel était le terrible secret que cachait cet employé banal de la société Merlin & Co ? Les enfants allaient-ils pouvoir rentrer à l’heure à la maison pour le goûter ? Et surtout, qui allait payer pour les dégâts causés à la porte de la cabane ?
Mercredi: La choré qui n’obtient pas 10 sur 10
Un silence de cathédrale régnait maintenant dans la vieille bâtisse. Tous se regardaient sans bouger. Les enfants pensaient pourtant être enfin arrivés au bout de leurs peines. Mais c’était sans compter sur le fait qu’il restait 3 jours d’histoire à tenir avant le dénouement final.
– Pourquoi vous aiderais-je alors que je n’ai qu’à vous ligoter et vous laisser pour morts dans la cabane ? Après tout, personne ne sait que vous êtes ici. Je vendrai Papa Couturière transformé en casserole avec des pieds à un cirque. On m’en donnera sans doute un bon prix, argumenta le dépanneur de sortilèges qui montrait enfin ses véritables intentions.
– Mais… Vous deviez nous aider. Vous étiez notre seul espoir, rétorqua Fils Couturière, les yeux pleins de larmes.
– Mmmh… Il y aurait bien un moyen, répondit le dépanneur de sortilèges d’un air pensif. D’habitude, je ne suis pas particulièrement sensible à la danse, mais il paraît que les auditeurs de GRRIF ont voté en masse sur Instagram pour que vous me fassiez une chorégraphie d’enfer afin de me faire changer d’avis. Après tout pourquoi pas, vous pouvez toujours essayer.
Ni une, ni deux, les 3 enfants, n’ayant aucun autre choix, se mirent en position. « Vous allez voir ce que vous allez voir. Vous n’allez pas être déçu. Nous avons été les élèves du grand maître chorégraphe Kamel Ouali dans la saison 4 de la Star Academy, » précisa Fils Coutrière, d’un air fier, tout en commençant de compter : « Et 5, 6, 7 et 8. » Avec une synchronisation digne d’une montre suisse, les 3 enfants commencèrent leur chorégraphie. Pas de bourrée, entrechats, scoots, scuffs, shimmies, sauts de biche et cabrioles, tout y passait. Les enfants transpiraient à grosses gouttes pour impressionner le dépanneur de sortilèges. Mais ce dernier restait pourtant impassible à leurs gesticulations. « Les amis, tentons le porté, c’est notre dernière chance de l’éblouir et de le faire changer d’avis !» s’exclama Fils Couturière. Mais alors que Greta Thunberg et Petit Poucet se mettaient en position, prêts à s’élancer, la musique s’arrêta net.
« Rien ne sert de vous fatiguer davantage ! » balança le dépanneur en sortilège. « Je ne changerai pas d’avis, et je vais maintenant vous révéler pourquoi. » L’homme plaça ses mains à la base de son cou et retira son masque afin de dévoiler sa véritable identité.
– Arpion ! s’écrièrent les enfants.
– Oui, tout ce temps c’était bien moi. Je vous avais promis que je reviendrais une dernière fois avant la fin du récit. Me voici. Je m’ennuyais seul dans mon château alors j’ai monté ce stratagème de société de dépannage de sortilège Merlin & Co, mais je me suis assez amusé, il est temps pour moi de faire ce que j’aurais dû faire il y a déjà bien longtemps : vous tuer, tous autant que vous êtes, et mettre un terme à cette histoire sans queue ni tête qui n’a que trop duré.
Nos 3 aventuriers, coincés dans la cabane face au fieffé sorcier Arpion, étaient dans de beaux draps.
Le temps de l’affrontement final tant attendu était-il enfin arrivé ? Comment nos 3 enfants allaient faire pour se sortir du pétrin dans lequel ils s’étaient fourrés ? Le vil sorcier Arpion était-il vraiment aussi insensible à la danse qu’il l’avait prétendu ? Et surtout, Katy Perry allait-elle toucher des royalties pour l’apparition d’un de ses morceaux dans cette folle histoire ?
Jeudi: Séquence émotion avec Petit Poucet
« Mouahaha bande de sales gosses. Je parie que celle-là vous ne l’aviez pas vue venir, » ricana le vil sorcier. « Je vais en finir une bonne fois pour toute avec vous. Et à moi les nuits d’amour torrides avec Maman Couturière ! » Après avoir pris la casserole avec des pieds pour vomir dedans, donc en fait, après avoir vomi sur son père, Fils Couturière, qui avait imaginé la scène de sexe entre sa mère et le sorcier Arpion, se plaça face à son ennemi, bien décidé à livrer bataille, quitte à y laisser sa peau ! Mais au moment où le combat allait s’engager, Petit Poucet, qui n’avait jusqu’ici pas servi à grand-chose dans cette histoire, prit la parole, de sa petite voix fluette et trop mignonne :
– Dites-moi mon cher sorcier Arpion, à quel moment exactement avez-vous décidé de vouer votre vie aux forces du mal ? Après tout, je suis sûr que comme nous, vous aussi avez été un petit enfant avec des rêves plein la tête. Moi je sais mieux que personne ce que c’est que de ne pas être aimé. Mes parents m’ont abandonné dans la forêt et j’ai été élevé par un couple d’orties qui, à chaque fois qu’ils voulaient me prendre dans leur bras, me piquaient atrocement. Mais ce n’est pas pour autant que j’en veux à la terre entière. J’ai su rester simple et positif, me contentant des petits bonheurs de la vie et regardez, j’ai fini par rencontrer de supers amis !
– Ne te mêle pas de ça Petit Poucet. C’est entre Arpion et moi ! répondit Fils Couturière.
– Je veux bien vous laisser vous entretuer si c’est ce que vous voulez. Mais ce serait tout de même manquer de respect aux auditeurs de GRRIF qui ont voté en masse sur Instagram pour avoir un moment intense d’émotion plutôt qu’un combat épique. Irez-vous si loin dans la haine et le mépris que vous ne respecterez même plus un vote des plus démocratiques ? Après tout, ne sommes-nous pas tous frères dans cette belle et grande nation qu’on appelle États-Unis d’Amérique ? N’avons-nous pas tous juré allégeance à notre drapeau et à la République qu’il représente ? Une nation indivisible, avec la liberté et la justice pour tous ? continua Petit Poucet.
Sur ces mots, et alors qu’un drapeau américain se dressait gentiment et fièrement dans le ciel, nos 2 ennemis, Fils Couturière et le sorcier Arpion, se regardèrent dans les yeux et se virent pour la première fois d’un œil totalement différent. « Petit Poucet a raison, » dit le sorcier Arpion. « Cette guerre fratricide n’a que trop duré et fait trop de victimes. Faisons la paix et unissons nos forces contre le seul et véritable ennemi de la patrie, le communisme !» «Je suis d’accord» répondit Fils Couturière ! « Qu’il en soit ainsi. Dorénavant, nous serons à nouveau amis, mais avant, tu dois lever le sort qui emprisonne encore mon père. Redonne-lui forme humaine et tout sera pardonné !»
Arpion allait-il accéder à cette ultime requête ? La hache de guerre était-elle définitivement enterrée entre le vil sorcier et la famille Couturière ? L’expansion présumée du communisme présentait-elle un risque réel ou n’était-ce là qu’un pur fantasme de quelques citoyens sans cesse à la recherche d’un ennemi à détruire ? Et surtout, le Petit Poucet était-il vraiment américain ?
Vendredi : Assaut final
Après un émouvant et habile monologue mettant en garde contre les dérives du communisme, le Petit Poucet, Greta Thunberg et Le Fils Couturière réussirent à convaincre le fielleux sorcier Arpion de rendre forme humaine à leur père qui commençait gentiment à rouiller, la faute à un revêtement de mauvaise qualité.
Alors que le puissant sorcier s’apprêtait à briser le sortilège en exécutant un pas de fox-trot, ce qui pour l’époque était une manière assez classique de briser un sort, la casserole avec des pieds, prise d’une folie soudaine, hurla et se rua sur Arpion :
– Je vais en finir avec toi, espèce de sorcier de carnaval ! Tu n’es qu’un vilain !
Jamais la casserole avec des pieds ne s’était exprimée dans un langage aussi grossier. Choqués par la violence de ses propos, les 3 enfants restèrent de marbre, comme paralysés, et ils ne purent intervenir pour raisonner leur père. La casserole avec des pieds continua de proférer des jurons parfaitement orduriers, tels que « pantoufle » ou « chenapan » ! Sa haine envers Arpion était d’une telle ampleur qu’elle était devenue incontrôlable:
– Des années que je me traîne en casserole et que je me crame les fesses à chaque fois que je veux bouillir de l’eau. Tiens, prends ça !
La casserole avec des pieds se servit de son manche pour blesser Arpion. Les coups étaient relativement faibles, mais la casserole frappait avec détermination, en donnant de petits coups secs par rotation du bassin. Soudain, une voix familière retentit :
– Arrête riché, tu fais portnaouak !
Maman Couturière avait surgi de nulle part. Habillée en tenue de combat, elle avait les yeux bandés pour ne pas croiser le regard de la casserole avec des pieds. Elle était prête à en découdre avec Arpion en ne se fiant qu’à son sixième sens. Elle fit craquer ses doigts, contracta ses biceps et fit signe à Arpion de venir se battre:
– Mouahahaha ! fit Arpion avant de lancer un sort terrible à la casserole avec des pieds. Des nuages noirs assombrirent le ciel, la terre se souleva autour de lui et des éclairs jaillirent du bout des doigts du sorcier. La casserole avec des pieds explosa en mille petits morceaux.
– Mouahahaha ! fit Arpion qui était à court de punchline.
Maman Couturière s’approcha de ce qui restait de la casserole avec des pieds. Elle retira son bandeau et ne trouva que de la limaille de fer qu’elle prit doucement entre ses mains. Une larme coula sur sa joue gauche. Sans l’essuyer, elle regarda fixement Arpion. Et en une fraction de seconde, elle se rua sur le sorcier et cria :
– Pion-ar, tu es une cheta, et les chetas, je les élimine avec de la mailleli de ref !
Maman Couturière se mit à frotter énergiquement Arpion avec la limaille de fer. Encore chargée de magie, la limaille de fer eut raison du sorcier, et bientôt Arpion (cette tache au sens propre comme au sens figuré) disparut complètement. Les nuages qui avaient voilé le ciel se dispersèrent. Les rayons du soleil inondèrent la forêt. Il ne resta plus rien du sorcier. Maman Couturière se retourna pour retrouver ses enfants, mais ils n’étaient plus là. Avaient-ils succombé à l’attaque surpuissante d’Arpion ? Un sortilège avait-il eu raison d’eux ?
Sans se retourner, Maman Couturière avança droit devant elle. Désormais, elle ne poursuivrait plus qu’un seul but : retrouver ses enfants. Et d’ailleurs ne l’appelez plus Maman Couturière, mais Maman Kick Your Ass.