Depuis une semaine, le Daily Telegraph s’en donne à cœur joie dans l’affaire des « Lockdown Files« . Chaque jour, il publie une nouvelle salve de messages WhatsApp échangés par les décideurs britanniques durant la crise Covid. Parmi eux, le Premier ministre d’alors, Boris Johnson, et le Secrétaire de la santé, Matt Hancock. Plus de 100’000 posts WhatsApp ont été transmis au Telegraph par la journaliste Isabel Oakeshott: elle les avaient reçus de Matt Hancock lui-même. Ils devaient rester confidentiels, mais Oakeshott a jugé l’intérêt public prépondérant. Elle a tout balancé.
Stratégie de la peur et de la culpabilité
Les Lockdown Files révèlent que la stratégie de la peur et de la culpabilité fut la voie choisie durant la crise. « Quand déployons-nous le nouveau variant ? » lance Matt Hancock à son conseiller, dans l’idée de dévoiler l’existence de la souche Alpha pour effrayer la population, afin qu’elle suive les restrictions à la lettre. « La peur et la culpabilité sont vitales » affirme-t-il encore dans un autre message. On découvre aussi que Matt Hancock refuse de lever les mesures d’isolation pour les personnes porteuses du Covid, recommandées par le Médecin chef d’Angleterre, Chris Whitty: « Ça montrerait qu’on avait tort sur les mesures déployées jusqu’ici. »
Le cas Matt Hancock
Ce qui transparaît à travers les messages de Matt Hancock, c’est surtout son opportunisme: il rêve de bâtir sa notoriété politique via le Covid, d’incarner celui par qui le peuple sortira vainqueur de ce pétrin. « C’est le triomphe de Hancock ! », s’exclame-t-il d’ailleurs lorsqu’on déploie les vaccins en accéléré au Royaume-Uni. Ironie du sort, il est contraint de démissionner en juin 2021: il n’avait pas respecté les règles sanitaires qu’il avait lui-même contribué à imposer, en batifolant avec sa collègue et maîtresse Gina Coladangelo dans les bureaux gouvernementaux de Whitehall. Les contacts étroits avec des personnes extérieures à son propre ménage étaient alors interdits…
Boris Johnson : de sceptique à zélé
Si au départ, Bojo est sceptique face aux mesures restrictives, il finit par céder sous la pression, et verse même dans un zèle délirant. À travers les Lockdown Files, on apprend ainsi qu’il refuse de lever le second confinement britannique parce qu’il juge que l’opinion publique n’est pas prête. Et il impose le port du masque dans les écoles pour éviter des bisbilles avec Nicola Sturgeon, première ministre écossaise qui vient de mettre en place la mesure dans son pays.
Légèreté, opportunisme et discrédit
Ces messages démontrent que certaines décisions liberticides prises envers les citoyens britanniques n’ont pas été motivées par des faits scientifiques, mais par opportunisme politique et crainte de l’opinion publique. Les Lockdown Files ont aussi le mérite de réhabiliter les sceptiques envers les mesures en place, qu’on accusait alors de frôler le complotisme. Mais surtout, cette affaire jette le discrédit sur la manière dont le gouvernement a imposé des restrictions: espérons que la prochaine pandémie soit gentille, parce qu’à ce moment-là, pas sûr que des mesures plus raisonnablement édictées soient suivies… du moins au Royaume-Uni.
Image: Matt Hancock, ex-Secrétaire de la santé britannique