Il était le dernier membre encore en vie de la formation originelle de Lynyrd Skynyrd. Guitariste du groupe, Gary Rossington est décédé dimanche dernier, 5 mars. Il avait 71 ans. L’occasion de revenir sur le southern rock et la controverse associée.
Retour aux sources, mais avec les guitares à fond
On est au tournant des années 1970, les côtes américaines nagent dans la tendance du rock psychédélique et de la British invasion. Au sud du pays, si on a adopté les guitares électriques « à boulet », on tente un retour aux sources, via une musique inspirée directement du blues et de la country. Avec le Allman Brothers Band, Lynyrd Skynyrd devient l’emblème de ces nouvelles sonorités, qui définiront le rock sudiste.
Réminiscences d’un sud raciste
Pendant ce temps-là, Neil Young. Au début des années 1970, le musicien publie Southern man, puis Alabama, deux morceaux qui dénoncent le racisme des habitants du sud, région contre l’abolition de l’esclavage durant la guerre civile, puis terre des exactions du Ku-Klux-Klan. Seulement, un siècle plus tard, le sud ne se reconnaît pas dans cette peinture de Neil Young.
Réaction, provocation
En réaction à ces morceaux, Lynyrd Skynyrd écrit Sweet Home Alabama, hommage au sud, teinté d’ironie, raillant explicitement Neil Young. Le groupe va même jusqu’à arborer le drapeau confédéré à ses concerts et sur son merchandising. Certains jugent le geste raciste, d’autres y voient un côté rebelle, la célébration de la culture rurale du sud, et une volonté de tourner la page. Lynyrd Skynyrd a toujours défendu cette seconde interprétation. Même si en 2012, il a cessé d’utiliser le drapeau controversé, lui préférant celui des États-Unis.
Sweet Neil Alabama
En tout cas Neil Young a donné raison au groupe. Dans sa biographie Waging Heavy Peace publiée en 2012, il affiche sa remise en question:
« Alabama a bien mérité le coup que Lynyrd Skynyrd m’a envoyé avec son super morceau. Je n’aime pas mes paroles quand je l’écoute. Elles sont accusatoires et condescendantes, pas bien étudiées et sujettes à mauvaise interprétation. »
Fier qu’on parle de lui dans Sweet Home Alabama, Neil Young a même fini par le chanter plusieurs fois pendant ses concerts. Tout ça peut sembler anecdotique, n’empêche que cette histoire rend bien compte de la complexité politique et culturelle de l’Amérique, en particulier vis-à-vis de ses États du sud et leurs emblèmes.