Nature morte (3/5) : La Charte des artistes pour le climat, avec Camille Rebetez

12 décembre 2024

Du 9 au 13 décembre, de 17 à 18h, des artistes qui œuvrent pour la planète sont invités au micro de GRRIF, dans l’émission Nature Morte. Entre doutes, espoirs et révolutions, cinq acteurs et actrices culturel.les reviennent sur leur parcours et leur engagement pour une société en transition.

Ces dernières semaines, les médias ont beaucoup parlé du groupe français Shaka Ponk : fin novembre, il a donné son dernier concert à Paris, le dernier show du Final Fucked up Tour. Malgré un succès important, Shaka Ponk a décidé de dire adieu à la scène pour des raisons écologiques. Le groupe disait ne plus pouvoir ignorer l’empreinte carbone de ses tournées et du déplacement de personnes que ça impliquait. Et d’ajouter qu’il est temps de repenser le sens et l’impact des spectacles.

Repenser le sens et l’impact de la culture, c’est aussi, en substance, ce que proposait un texte, en 2019. La Charte des artistes et acteurs culturels pour le climat a été lancée par trois artistes romands, dont Camille Rebetez. Auteur de théâtre, scénariste des Indociles, ex-responsable de la médiation au Théâtre du Jura, Camille est aussi très actif dans le domaine de la culture et du climat. Et rêve de jouer un rôle dans la transition écologique – en cours et à venir- du monde culturel.

« On peut faire de la culture autrement qu’avec 50 camions qui viennent du fin fond de l’Europe pour juste une représentation ou un méga concert… et puis qui repartent le lendemain. » – Camille Rebetez

Camille Rebetez, photographié par Fox Kijango.

Camille a toujours eu un lien fort à la nature : enfant des Franches-Montagnes, il a passé beaucoup de temps dehors, à étudier les plantes ou encore les oiseaux. Pour lui, ce lien s’acquiert et s’apprend : « Je pense aussi qu’il est nécessaire d’inculquer ce lien à la génération qui suit, pour lui donner envie de protéger la nature. » Dès ses études universitaires, Camille s’est interrogé sur la manière de parler de ces questions environnementales et politiques au théâtre. « Je suis toujours en quête de forme pour faire de la scène théâtrale non pas un lieu de divertissement uniquement, mais un lieu où on questionne le monde. »
Parler de sujets vitaux sur scène, c’est une chose ; Camille s’est aussi engagé de manière plus « institutionnelle ». Après une expérience au Conseil de Ville de Delémont, il coécrit la Charte des artistes et acteurs culturels pour le climat : « Les propositions que j’avais faites au Conseil de Ville avait été balayées. Alors je me suis dit que j’allais mettre mon énergie dans un milieu que je connais. Avec des gens pour changer à mon échelle (…) On a essayé de créer cette charte pour une culture sobre, pour que les gens des arts vivants et plus se mettent en mouvement dans leur pratique culturelle ». La Charte a été massivement signée, mais la pandémie de Covid a freiné son développement. Aujourd’hui elle existe toujours, mais d’autres outils ont été également mis en place. « Il y a des festivals qui sont exemplaires, le Castrum par exemple. » Pour autant, Camille assure qu’il reste beaucoup à faire, des améliorations peuvent être menées, des paradigmes réinventés. Notamment dans le secteur du cinéma, que Camille a infiltré lorsque sa BD Les Indociles a été adaptée sur petit écran : « Il y a des acteur.ices qui venaient en avion depuis Bruxelles ou Rome, qui jouaient deux scène et repartaient le soir-même en avion. Donc il y a des possibilités pour couper dans le bilan carbone, il y a des possibilités de faire autrement. Et j’ai envie d’être actif là-dedans. »

Nature Morte, c’est toute la semaine de 17 à 18h sur GRRIF. Dans le prochain épisode, GRRIF s’entretiendra avec Line Marquis, peintre et assistante sociale.
Et pour réécouter les premiers épisodes, c’est ici et ici.

Une série de portraits réalisée avec le soutien de la FSRC et Swiss Perform :