Du 9 au 13 décembre, de 17 à 18h, des artistes qui œuvrent pour la planète sont invités au micro de GRRIF, dans l’émission Nature Morte. Entre doutes, espoirs et révolutions, cinq acteurs et actrices culturel.les reviennent sur leur parcours et leur engagement pour une société en transition.
Il y a quelques temps, l’émission La terre au carré de France Inter recevait Vincent Munier, photographe naturaliste, (dont on a déjà parlé dans l’épisode 1 de Nature morte). Il évoquait l’éco anxiété, amplifiée par une crise de la sensibilité. Comment peut-on redonner plus de place à la poésie, plus d’importance à des états de contemplation ? Ralentir, et ressentir, en somme.
Line Marquis, l’invitée du 4e épisode de Nature Morte, a aussi traversé des périodes marquées par des craintes, liées à l’état du monde et de la planète. Quel avenir laisse-t-on à nos enfants ; est-ce qu’il est forcément apocalyptique ?
Si certains projets de Line Marquis montrent des paysages désolés, Line travaille aussi à créer d’autres imaginaires ; plus résilients peut-être, plus lumineux. Le recueil « Le feu et les oiseaux, Talisman pour le monde qui viendra », publié avec Céline Cerny, en est la preuve. Ensemble, elles essaient de donner à voir d’autres possibles. Un monde où la nature et les animaux reprennent leurs droits, où l’Humain s’en va sur les chemins, les poings dans ses poches crevées ; où il y aura des ruines, mais où les arbres et les enfants pourront étendre leurs racines.
« On était très sensibles à l’idée que nos enfants puissent avoir aussi quelque chose de chouette à arpenter, en terme d’imaginaire. Pas que des récits dystopiques pourris, angoissants, glauques (…) On se disait qu’il fallait de la couleur, de la vie, de la poésie pour être fortes. » – Line Marquis
Inspirée par la génération de nos enfants, par ces jeunes adultes qui ont défilé lors des marches du climat et des grèves féministes en 2019, Line peint aussi en pensant à eux : « Souvent on dit que cette génération se plaint, geint, est peu active… Mais en fait je crois que c’est une génération qui a aussi beaucoup d’énergie, qui a encore des envies, qui veut se positionner, qui ne sait pas si elle va avoir des enfants ou pas… elle a les mêmes questions que nous. »
En 2024, elle présente à Neuchâtel le projet Camille Do Brasil, un travail de gravure et de dessin, inspiré par sa belle-fille, Camille. « Camille devait partir pour ses 18 ans au Brésil. Elle se souciait de parcourir tout cet espace en avion, d’aller dans un pays pauvre puis de pouvoir repartir en Suisse à la suite de son voyage… mais en même temps elle avait méga envie de voir des tortues, etc. (…) Il y avait des moments où elle était très déprimée par rapport à ces questions. Mais finalement elle est partie au Brésil, elle a eu beaucoup de plaisir et elle signait ses SMS « Camille Do Brasil ». » Camille envoyait beaucoup de photos à Line, « des images cartes postales ». Ca a inspiré Line, qui a choisi de faire résonner des dessins de paysages paradisiaques avec des gravures plus sombres, agrémentés d’un texte écrit par Camille, avant son voyage. « Mon but c’était de montrer la position d’une personne de cet âge, dans cette société, qui a un avis sur le sujet. »
Pour Line Marquis, l’art permet de se référer à des figures, de trouver une routine pour « organiser et structurer des questions existentielles ».
Nature Morte, c’est toute la semaine de 17 à 18h sur GRRIF. Dans le prochain épisode, GRRIF s’entretiendra avec Véronique Ferrero Delacoste, directrice de l’Association LEAST.
Et pour réécouter les premiers épisodes, c’est ici , ici et ici.
L’image de couverture est un détail d’une œuvre de Line Marquis.
Une série de portraits réalisée avec le soutien de la FSRC et Swiss Perform :