Les artistes qui ont snobé Woodstock
À l’époque de Woodstock, parmi les artistes il y a deux clans : ceux qui ont compris l’importance de ce festival, et les autres. Bob Dylan, lui, faisait partie des autres. On dit que si le musicien n’est pas venu se mêler à cette grande messe hippie, c’est parce que justement, il en avait marre des hippies.
Dylan ne vivait pas loin de Woodstock, alors quand il a vu le monde flower power se déverser près de chez lui, il a mis les voiles pour l’Angleterre où il devait performer, deux semaines plus tard, un concert dont personne ne se souvient.
Les Rolling Stones eux aussi ont brillé par leur absence à Woodstock, à cause de Mick Jagger qui était en train de tourner un film. Le film en question c’est Ned Kelly, une bouse qui n’a pas dû fonctionner, ni au box-office, ni chez les critiques.
Donc à Woodstock, pas de Rolling Stones, pas de Bob Dylan, pas de Doors non plus, ni de Led Zeppelin, ou encore de Beatles. Tant d’artistes qui sont devenus les grands absents de Woodstock au lieu d’en devenir les légendes.
Le concert hypnotisant de Santana
Santana, un petit jeune d’à peine 22 ans, va voir son destin basculer le samedi 16 août 1969 au festival de Woodstock.
À 14 heures, il est en pleine montée de drogue. Il ne comprend plus rien. Il voit la foule s’étendre et se distorde devant lui. Plus tard, il parlera « d’océan effrayant composé de chair, de dents et de mains…. »
Les hallucinations ne s’arrêtent pas au public, elles vont même lui faire croire que sa guitare est un serpent. Serpent qu’il essaye de dompter pendant le concert. Le show se passe très bien, puisqu’en quelques minutes, tout le public est debout, en transe.
Pour coller des images à ce concert, il suffit de regarder le long-métrage consacré à Woodstock et monté par Martin Scorsese. Il transpire toute la passion du moment.
Max Yasgur, le paysan qui a prêté son champ
Au printemps 1969, la ville de Wallkill qui doit accueillir Woodstock vote une loi qui interdit les rassemblements de plus de 5000 personnes. Elle ne veut pas de hippies et de grabuge sur ses terres. Les organisateurs du festival sont dévastés.
Plan B avec un fermier un peu fou qui accepte de louer son pâturage sur les terres de Bethel, Max Yasgur.
1969 est une année difficile pour le fermier, à cause de la météo pluvieuse. Yasgur n’arrive pas à faire sécher son foin, du coup il se dit qu’il va se refaire une santé financière en louant son champ aux Woodstockeurs.
C’est finalement 500’000 personnes qui se pointent au festival et il n’y a pas de quoi les nourrir pendant 3 jours, pas de quoi les abreuver non plus. Les voisins de Max Yasgur se mettent à vendre leur eau du robinet aux festivaliers. Irrité, Yasgur fait installer un grand panneau devant sa ferme en inscrivant « Eau gratuite ». Il offre aussi son lait, son fromage, son beurre. Et le dimanche du festival, il monte sur scène pour faire un hommage aux festivaliers qui met la larme à l’œil.
Mais la vie post-Woodstock va être moins drôle pour Yasgur : ses voisins le traînent en justice à cause des dégâts matériels occasionnés par le festival. Il est condamné à payer 35’000 dollars de réparation, ses pâturages sont déclarés zone sinistrée. Et même s’il ne regrette rien, Yasgur refuse de louer à nouveau ses terres pour une 2e édition du festival. Fatigué, il vend sa ferme en 1971 pour s’installer en Floride. Il meurt d’une crise cardiaque en 1973, et a droit à une pleine page d’hommage dans le magazine Rolling Stone. Fait rarissime pour un non-musicien. C’est qu’il avait dû faire quelque chose de bien.