Avec son atmosphère étrange, irréelle, « OK Computer » est un ovni dans le paysage musical des années 90. Sorti le 16 juin 1997, il fait passer le trip-hop et la britpop pour des genres d’un autre siècle. Julia, amatrice de Radiohead, nous raconte comment elle a apprivoisé cet album :
« Il y a eu OK Computer, et après il y a eu une nouvelle ère, une espèce d’évolution. Je pense que c’est un album vraiment important. »
Julia, à propos d'OK Computer
Un disque très important, pour le son d’abord : on n’avait rien entendu d’aussi rageur et plaintif à la fois, d’aussi maladif et d’aussi énergique. Pour les sujets abordés, ensuite : avec OK Computer, Radiohead est un des premiers groupes à parler des nouvelles technologies et de leurs effets aliénants sur l’être humain. Plombant, torturé, l’album a quelque chose de prémonitoire, à l’heure où tous les foyers occidentaux s’équipent d’internet. Le titre « Karma Police » , par exemple, évoque une sorte de police de la pensée largement inspirée du « 1984 » de George Orwell. Il véhicule l’idée que les nouvelles technologie et le big data feront disparaître le libre arbitre.
Ce genre de considération fait d’OK Computer le premier disque engagé et mûrement réfléchi de Radiohead. Comme premier single, le groupe avait d’ailleurs choisi « Paranoid Android », l’histoire d’un androïde dépressif et paranoïaque : le morceau dure plus de 6 minutes, et aucune radio de l’époque ne se serait permise de le diffuser à heure de grande écoute.
N’empêche que ce rock intello et geignard a très vite acquis ses lettres de noblesse, aussi bien publiques que critiques. Aujourd’hui, Radiohead compte – paradoxalement – parmi les groupes qui jouent le mieux avec les nouvelles technologies, malgré la dénonciation qu’il en faisait à l’époque. Et le public répond présent, à chaque nouvel album, à chaque annonce sur les réseaux sociaux et à chaque concert, vécu comme une grand-messe où l’on vient recevoir la parole divine.