Drogue, amour, torture : l’artiste qui crée constamment sous influence

13 juin 2017

Tout a commencé le 30 mars 1995… c’est à cette date que Bryan Lewis Saunders commence à se dessiner lui même. Jusqu’à la fin de sa vie il décide de réaliser un autoportrait par jour avec toutes sortes de techniques. Jusqu’à aujourd’hui, il a réalisé plus de 10’000 dessins de sa frimousse, tous différents, «comme les empreintes digitales ou les flocons de neige» dit-il.

Jusque-là, rien de nouveau ! ça fait longtemps que les artistes font leur autoportrait. Sauf qu’un jour, Bryan décide d’expérimenter comment différentes substances psychoactives peuvent influencer ses dessins et la perception qu’il se fait de lui-même en se dessinant.

«Violet le matin. Bleu l’après-midi. Orange le soir. Les voilà mes trois repas, monsieur le petit malin. Et vert le soir. Aussi simple que ça. 1 2 3 4. »

Pendant 62 jours, il va prendre 62 drogues différentes : une par jour, avant de réaliser son autoportrait.

Le panel des drogues va des champis à l’absinthe ou au cannabis, en passant par les sels de bain, le valium, la cocaïne et le crystal meth…

Résultats : les auto-portraits sont souvent hyper colorés et complètement psychédéliques… parfois on ne le reconnaît pas tellement les traits sont minimaux, agglomérés ou hallucinés.

Dans une interview, Bryan explique qu’après quelques semaines, il est allé voir un psychiatre avec ses dessins pour qu’il lui prescrive d’autres drogues pour continuer ses portraits.
Mais le psy l’a vraiment pris pour un psychotique et lui a prescrit des tranquillisants.

Bryan raconte que ce sont les pires drogues qu’il a testées… elles lui ont séparé son corps de son esprit.

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Bryan Lewis Saunders doit jeter l’éponge… son corps ne suit plus : en quelques semaines il est devenu complètement léthargique et a subi un léger dommage cérébral (réparé depuis).

Pourtant, sur son site ou son profil Facebook, on comprend qu’il poursuit toujours l’expérience des autoportraits. Par contre, il les fait moins fréquemment, et uniquement sous l’influence de médicaments prescrits par des médecins. Il a aussi commencé à faire des dessins sous l’influence de l’amour, en se faisant caresser et embrasser un peu partout par une copine.

Les artistes qui cherchent à altérer leur conscience pour créer, ce n’est pas nouveau. Mais Bryan explique qu’il cherche à faire exactement le contraire. Les artistes ont toujours voulu représenter exactement le monde qui les entoure, mais lui veut mettre le monde qui est autour de lui, à l’intérieur des représentations de lui-même, de façon complètement subjective. C’est pour ça qu’il cherche à vivre le maximum d’expériences pour nous montrer ce que ça fait de les vivre, de l’intérieur.

Bryan Lewis Saunders a également réalisé plusieurs auto-portraits et une performance « choc » et dérangeante en 2014 sous l’influence de la torture.

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