Into the Breach, c’est le dernier jeu de stratégie au tour par tour de Subset Games. Pour vous la faire courte: les potes de Godzilla débarquent sur terre, ils ont envie de tout casser et c’est vous qui allez leur montrer qui est le chef. Mais alors pas comme un bourrin. On s’installe comme il faut et on se concentre, car il s’agit ici d’empêcher l’apocalypse, mais avec style et jugeote s’il vous plaît. Une salve de missiles par-ci, un jet d’acide par-là, et on attend poliment son tour, en bons gentlemen.
Into the Breach dans Pan Pan Clic Clic
Dans Into the Breach, les parties se déroulent sur un plateau de huit cases par huit. Ici pas de reine, de roi, de pions ou de fous. On nage en plein cauchemar apocalyptique japonisant. Des créatures insectoïdes géantes venues du centre de la terre infestent le monde et c’est à nous, aux commandes d’une brochette variée de Mechas (ou armure robotisée, pour les non-initiés), de sauver les meubles.
Dans sa présentation visuelle, Into the Breach ne va pas vous faire tomber de votre tabouret. On se situe sur le début des années 90 en terme de graphisme. C’est très dépouillé et pour un jeu de stratégie, c’est tout-à-fait à propos. J’ai pas envie d’un jeu déguisé en piñata, alors que ce qui importe, c’est la lisibilité de l’action. Autre point positif lié à la sobriété graphique, ben vous aurez pas besoin d’un PC de la NASA pour le faire tourner. La vieille bécane de Mamie fera largement l’affaire.
Pour en revenir aux systèmes de jeux, qui sont vraiment le cœur de l’expérience, je dirige trois Mechas, chacun a ses compétences propres, complémentaires aux compétences de ses deux acolytes. J’ai un tour pour effectuer une action avec chacune de mes unités, puis c’est au tour de l’ennemi, et ainsi de suite. Les combats sont plutôt courts et se concentrent sur deux ou trois objectifs (comme défendre certains bâtiments ou éliminer un ennemi en particulier).
Mon premier rapport au combat est l’éradication d’un maximum de vilains insectes. Mais très vite je comprends que pour gagner il faudrait que je réfléchisse bien différemment. Au lieu de me concentrer sur ce que je peux dézinguer, je commence à me concentrer sur ce que je peux protéger. Ah oui parce qu’il y a des immeuble remplis de civils sur le terrain, et si on en perd trop, ben on perd la partie. Chais pas vous, mais moi c’est une approche qui me plaît bien. Protéger les vivants, c’est positif…
Ce que je vous ai pas encore dit, c’est qu’en plus d’être un jeu de stratégie au tour par tour, Into the Breach est aussi ce qu’on appelle un roguelike: c’est-à-dire que le jeu ne s’arrête pas après le clap de fin ou quand vous perdez la partie. Non, ici on vous propose de choisir un pilote qui sera renvoyé dans le passé pour se farcir à peu de choses près le même scénario. Ça paraît affreusement redondant dit comme ça, mais en fait pas du tout, parce qu’en fonction des médailles qu’on aura décrochées, aux parties précédentes on pourra débloquer d’autres factions de trois Mechas qui embarquent avec elles des manières de jouer très différentes.
Je vais pas entrer dans le détail pour ce qui est des mécaniques de jeu, sinon on sera encore là demain. Enfin, moi en tout cas, car vous, vous serez morts d’ennui. Mais en gros sachez que je suis plutôt amateur du genre et que ça fait bien 15 ans que j’ai pas été aussi impressionné.
Les mécaniques de ce jeu sont d’une richesse vertigineuse, et le scénario un peu chiche est compensé par un univers plutôt solide et des personnages attachants, qui ont chacun leurs bonus de compétence. Camilla Vera par exemple, une dure à cuire façon Michelle Rodriguez, ne peut pas se faire immobiliser par l’ennemi. Et Isaac Jones, le scientifique un peu ahuri, confère la possibilité d’annuler un tour d’action.
Into the Breach est un jeu passionnant. Après 25 heures passées dessus, j’ai le sentiment d’avoir tout juste gratté la surface. Et plus j’avance, plus je prends mon pied.